Témoignage « Saut En Parachute »



Allez, c'est reparti...
L'écriture, seul allié pour me défouler, seul allié pour exorciser mes craintes, mes doutes et mes angoisses et mes peurs ou devrais-je dire ma peur.

J'ai une sclérose en plaques, je suis malade et je n'y peux rien. Je ne peux que faire confiance à mon neurologue et à la médecine en général... Et faire confiance à mon psy. J'ai un super psy. Il ressemble à Hagrid du livre "Harry Potter".
ais ce super psy a décidé hier de me mettre sous anti-dépresseur. Moi !

Et voilà, plus de dix ans que je vis avec cette maladie, et finalement au moment où je m'y attends le moins, elle me rattrape et me sape tellement le moral qu'un psychiatre décide de me mettre sous cachetons.
Je n'ai plus d'envie, plus de force, plus envie de sourire. C'est fou comme les choses se font de façon systématique. Je récupère mon fils à l'école, je souris, mon tendre amoureux rentre du travail je souris, je sors de chez moi je souris...Je parle aux gens je souris encore et pourtant...
Je n'ai qu'une envie c'est de pleurer. Pleurer comme un bébé. On n'en veut pas aux bébés de pleurer mais lorsque l'on est grand, ça ennuie les gens, ça met mal à l'aise. Pourquoi ?

Pourquoi écrire tout ça sans pudeur sur facebook ? Je me suis posée la question. Et puis je me suis dit que ce serait plus simple que de le dire à chaque personne qui m'est proche, ou du moins qui se sent proche de moi.
Mais aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir perdu un certain nombre de mes amis et pire encore une bonne partie de ma famille. Et je souffre. Plus d'un an que cette maladie ne me lâche pas, plus d'un an que je fais semblant. Et je me sens seule.
Alors bien sur, tout le monde a son lot de soucis, de problèmes à gérer mais moi... Je fais quoi avec mon moral qui se barre, mon sourire qui me fait mal et mes yeux qui s'embuent au moindre truc ?

J'en suis arrivée à en vouloir aux gens de ne pas se préoccuper plus que ça de mon état. Alors que je sais que ce n'est pas bien et surtout que cela ne sert à rien !  Mais je n'en peux plus de faire semblant, j'en ai marre de dire que tout va bien.
La réalité est tout autre, j'ai peur de ne pas savoir comment je serai demain au réveil. Cela fait plus d'un an que je n'ai pas eu un seul mois de répit. Un mois sans mal de tête, sans douleur, sans fourmillement et j'en passe.

Je vais vous décrire ma dernière poussée pour que vous sachiez ce que je vis.

Je me suis levée un matin avec l'impression d'avoir les pieds gonflés. Après vérification, rien ! Mes pieds étaient normaux mais j'avais cette sensation de ne pas les "maîtriser". Comme s'ils étaient engourdis. Et en l'espace de trois jours, cette sensation a pris possession de tout mon corps sauf ma tête ! Alléluia !
La poussée s'est amplifiée à tel point que je ne pouvais plus me servir de mes mains, je ne pouvais plus prendre de douche car l'eau sur mon corps me faisait juste souffrir le martyre ! Mon fils n'a pas pu me faire des câlins pendant une bonne quinzaine de jours. Chaque cellule de mon corps me faisait souffrir.
J'ai 32 ans et pendant plus de dix jours, il a fallu que je demande de l'aide pour qu'on coupe ma nourriture, qu'on m'ouvre une bouteille d'eau... Et j'en passe. J'étais juste prisonnière de ce corps que je ne reconnaissais plus, qui ne répondait plus aux commandes que lui dictait mon cerveau ! Et j'ai flippé ! Et je flippe toujours.
Après une semaine de corticoïdes à l’hôpital et quelques jours de patience, j'ai retrouvé l'usage de mes membres mais pas les mains... Du coup, retour à l'hosto depuis lundi et re corticoïdes ! Des doses d'un gramme de cortisone par jour pendant une semaine. Le corps en prend forcément un coup... Et là mon corps est raccord avec mon cerveau. Ils n'en peuvent plus, et moi avec !

Je n'avais jamais fait attention à l'aspect psychologique de cette maladie. Mais en plus de nous rendre particulièrement malade, elle agit (ce qui parait évident puisque c'est neurologique) sur le mental et moral.
J'en parle car il se peut que j'ai changé, ou que je change en ce moment mais je suis rassurée de lire et de m'entendre dire par les professionnels de la médecine que tout ça m'est complètement indépendant. Je ne fais rien pour. C'est juste un état de fait.
Si je souligne cet aspect là, c'est parce que j'ai entendu une mère dire à sa fille à l’hôpital (fille de mon âge) que la maladie n'excusait pas tout ! Et j'ai été choquée. Certes cela n'excuse pas tout mais cela peut expliquer certaines réactions.
Si je prends mon cas, je sais ou du moins j'imagine que des gens sont surpris de moi depuis quelques mois. Mails il faut creuser, lire, s'informer. Je ne suis pas du genre à me plaindre, à pleurer sur mon sort mais en ce moment je suis au plus mal. Je n'ai jamais été comme ça. Je crois que je  réalise seulement au bout de dix ans que cette maladie a pris possession de ce que je suis. Ma vie ne sera plus la même. Alors je fais bien évidemment  confiance au nouveau traitement qui me permettra de me stabiliser et qui sait  de faire en sorte que tout ça ne soit qu'un lointain cauchemar.
Et surtout qui permettra à mon petit garçon de retrouver sa maman. Un petit garçon qui n'entendra plus "Non mon chéri, je suis trop fatiguée pour jouer, non mon chéri on ne peut pas aller se promener car il y a du soleil et j'ai pas le droit avec la cortisone." Mardi matin au petit déj, il s'est mis à pleurer (alors que le réveil avait été parfait) et m'a demandé si j'allais mourir. Re choc ! Que voulez vous que je lui dise ? "Non mon amour,je ne vais pas mourir". Ma réponse. Quoi d'autre... Je lui ai montré ma boîte de Gilenya, traitement qui coute 1923€17 pour 28 jours. Il m'a dit "mais maman, tu ne vas plus avoir de sous !!!". Et c'est comme ça qu'à 08h10 du matin, je me suis retrouvée avec mon petit bonhomme à parler de sécurité sociale, de dettes et du système de santé des américains (oui du coup je me suis emballée) en finissant par lui dire "sont cons ces ricains, allez fini tes céréales". Il est parti à l'école, il était rassuré, il était content d'avoir appris la sécurité sociale et m'a dit qu'il allait l'expliquer à la maitresse. C'est important la communication avec les enfants. Et si vous saviez à quel point j'ai un petit ange à mes côtés. Qui me caresse les cheveux quand je dors, qui me met une couverture quand je m'endors dans le canapé, qui me dit "c'est pas grave maman, c'est pas de ta faute" quand je lui dis que je ne peux pas m'occuper de lui (jouer, lire, dessiner). C'est dur pour moi ne pas culpabiliser en plus !
 J'ai appris en plus en début de semaine que je faisais des crises d'épilepsies partielles. Et j'ai vu dans le regard de mon neurologue que ça voulait dire que ça avait évolué. Si ces crises se répètent, il me faudra un traitement de plus. Pour moi, c'est trop. Je veux penser que c'est juste une passade et que cela ne se reproduira plus même si ça m'est encore arrivée hier matin. Moralement, c'est un choc de plus. Sans parler de mes globules rouges qui se font la malle... Mais qui j'en suis sûre vont bientôt retrouver le chemin.

 NB : Pour ceux qui auront pris le temps de me lire, merci à vous. Moi de vous l'écrire aura au moins servi à panser une de mes plaies.
 NB2 : Le titre est un "clin d’œil" à l'acronyme de la SEP. Et aujourd'hui, je rêve de faire un Saut En Parachute. »

1 commentaire:

  1. Salut Jennifer je m' appelle damien G 32 ans et G appris que j' avais la maladie il y a peu de tps et c' est dur à vivre et à en voir les difficultés que cela peut entraîner dans la vie ... Je suis guitariste depuis mes 15 ans et je ne peux plus jouer depuis 1 an ... Mais je vais m' y remettre !!! G connus l' asso ac ma femme et un pote qui connaissait Erwan quand il était serveur . Je suis venu hier soir , seul , et G discuté ac Erwan à qui G laissé mes coordonnées pr aider l' asso, appelez ya vraiment aucun soucis !!! Et je préfère m' occuper de notre santé plutôt que d' être chez moi à ruminer ou aller à des réunions qui te font flipper ... G rencontré une dame très gentille (si tu lis ce message bonjour à toi Catherine ) ac qui G discuté un moment elle était en fauteuil mais ... C la maladie ... Je sais ce que C la maladie G eu une sacré poussée qui a durée un moment , je lui ai payé une bière ... C' était très agréable de pouvoir parler à qqn qui te comprend et pourtant que tu ne connais pas !!! Ma famille , mes proches et même ma femme pensaient limite que je faisais"mytho" tt ça pr ne pas aller travailler ... ... ... Voilà je te dis à très bientôt j' espère

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